14.
Un père

 

Cher Colin, tu me reconnaîtrais à peine. Je pèse près de quarante livres de moins que l’automne dernier. J’ai perdu le sommeil et l’appétit. J’ai renoncé à sauver mon âme. Je suis maudit. Dieu a décidé de me faire payer mes péchés sur terre autant que dans les flammes de l’enfer qui m’attend.

 

Frère Sinestus Tor, à Colin, février 1771

 

 

* * *

 

 

Mardi matin, lorsque je suis montée en voiture pour aller au lycée, j’ai découvert un livre sur mon siège. J’étais pourtant certaine d’avoir verrouillé la voiture la veille au soir. Prise d’un mauvais pressentiment, je me suis installée derrière le volant en attrapant le livre. C’était un gros volume relié en cuir noir délavé et abîmé. Sur la couverture, on discernait à peine le titre en lettres dorées : Un point de vue historique sur l’histoire des Wodebayne.

J’ai tourné l’ouvrage dans tous les sens et j’ai feuilleté ses pages couleur sable. Je n’ai trouvé aucun mot expliquant qui me l’avait donné ni pourquoi. J’ai fermé les yeux un instant et j’ai posé la paume de ma main droite sur la couverture. J’ai reçu des milliers d’impressions simultanées, entrevu le visage des gens qui avaient tenu ce livre pour le lire, le vendre, le cacher, le chérir, le ranger sur leur étagère. L’impression la plus distincte – et encore, à peine plus perceptible que le frôlement d’une aile de papillon – venait de Ciaran. J’ai rouvert les yeux. C’est lui qui avait déposé ce livre. Pourquoi ? Avait-il été ensorcelé, pour me nuire ? Ou était-ce un cadeau sincère ? Je n’avais aucun moyen de le savoir.

 

* * *

 

Au lycée, j’ai rejoint Kithic sur les marches du sous-sol. Alisa était présente. Comme c’était inhabituel, j’ai pris la peine de lui dire deux mots.

Sans mentionner le livre, que je venais de glisser dans mon sac, je me suis assise au moment où Raven expliquait que Sky et elle s’étaient séparées.

— Ça ne marchait vraiment pas, entre nous, a-t-elle lâché en faisait éclater sa bulle de chewing-gum. Elle était incapable de m’accepter telle que je suis. Elle voulait que je devienne aussi chiante qu’elle.

— Je suis désolée, Raven, ai-je répondu en toute sincérité.

Le temps qu’elles étaient restées ensemble, Raven m’avait semblé comme adoucie, peut-être même un peu heureuse. À présent, elle était redevenue comme avant : froide, calculatrice, égoïste. Je me suis demandé si Killian était la seule cause de leur séparation ou bien si leur relation aurait de toute façon mal fini.

— Y a pas de quoi, a-t-elle rétorqué avec un haussement d’épaules. Je suis contente d’avoir retrouvé ma liberté.

Elle avait beau faire la fière, je percevais de puissantes vagues de chagrin, de tristesse et de confusion émanant d’elle.

Je m’attendais à ce que quelqu’un parle de Killian, mais, à mon grand soulagement, personne n’a mis les pieds dans le plat. Lorsque la sonnerie a retenti, je me suis dépêchée d’aller en classe en serrant mon sac contre moi. J’avais l’impression que le livre me suppliait de le lire. Au bout de quelques minutes de cours, j’ai réussi à l’ouvrir discrètement sur mes genoux. Je n’avais pas trouvé de date de publication et les tournures de phrase anciennes me portaient à croire qu’il avait été écrit il y a bien longtemps. La police aux caractères difficiles à déchiffrer ralentissait ma progression. Malgré tout, j’étais fascinée. Il s’agissait du témoignage d’un moine des années 1770 envoyé dans un village reculé pour évangéliser les païens. Pourquoi Ciaran avait-il souhaité que je le lise ?

Lorsque la fin de l’heure a sonné, je l’ai glissé dans mon sac et je suis allée voir M. Alban. Pour remplacer le devoir oublié, il a gentiment accepté que je lui rende le lundi suivant une dissertation de rattrapage de six pages au lieu de quatre.

Je me suis dirigée vers la classe de maths, le pas léger, en pensant déjà à mon sujet.

 

* * *

 

Morgan. Le puits de pouvoir.

J’ai levé la tête tout en sachant que je ne verrais Ciaran nulle part.

— Morgan ? a lancé Bree. Ça ne va pas ?

— Ce n’est rien…

Le salon de thé ? ai-je suggéré.

Entendu.

— Hé ! Je t’ai demandé si tu voulais aller au centre commercial, ce soir, a répété Bree. On pourrait manger un morceau, faire un peu de shopping et rentrer de bonne heure.

— Je ne peux pas, ai-je soupiré avec regret. Trop de boulot.

— Une autre fois, alors, a lancé Bree en se dirigeant vers sa voiture.

Sur le chemin du Clover Teapot, j’ai tenté de me concentrer sur ma mission. Il me restait quatre jours. Tout était encore possible. Je devais soutirer des informations utiles à Ciaran. Et poser le sceau sur lui. Je vais le faire, me suis-je promis. Aujourd’hui, c’est le grand jour. Je vais accomplir ma mission.

Lorsque je suis arrivée, Ciaran m’attendait déjà à l’une des petites tables. J’ai commandé au comptoir avant de le rejoindre. De nouveau, j’ai scruté ses traits. Si j’avais grandi auprès de lui, mon père, en écoutant ses enseignements, serais-je devenue mauvaise ? Est-ce que cela me tourmenterait ? Mes pouvoirs seraient-ils illimités ?

Je sentais le poids de son regard sur moi tandis que je sirotais mon infusion à la fleur d’hibiscus en tenant ma tasse entre mes deux mains pour me réchauffer. J’avais besoin d’une bonne entrée en matière.

— Killian m’a dit que, dans son village, les enfants n’étaient pas obligés d’aller à l’école, c’est vrai ?

— Oui. Les parents remplissent des dossiers pour scolariser leurs enfants chez eux et, tant que le programme est respecté, ils peuvent les former à leur façon… Tout en apprenant à lire, écrire et compter comme les autres, les enfants restent à l’abri de l’endoctrinement et de la vue déformée de l’histoire imposée par les autorités.

— Vous avez enseigné beaucoup de choses à Killian, Kyle et Iona ?

Killian m’avait donné leurs noms. Mon autre demi-frère, ma demi-sœur…

Ma question l’a visiblement troublé. Il s’est tourné vers la devanture pour regarder le pâle soleil de ce jour d’hiver.

— Et si on allait plutôt discuter dans un endroit plus intime ? Je t’ai parlé du puits de pouvoir…

— J’ai une idée.

Je me suis levée en buvant ma tisane d’un trait et en enveloppant un scone dans ma serviette en papier. Il m’a imitée.

— Je vais vous montrer notre parc.

Je ne pouvais pas le suivre jusqu’au puits, sachant que la convergence tellurique décuplerait ses pouvoirs. En revanche, si c’était moi qui conduisais, qui choisissais notre destination… Bien sûr, ces précautions étaient insuffisantes. Ciaran était si puissant que je ne pouvais pas faire grand-chose pour me protéger de lui, à part lancer les sorts de protection qu’Eoife m’avait enseignés et croiser les doigts pour que cela suffise. Mais j’étais presque contente de passer du temps avec lui.

— Je te suis.

Un quart d’heure plus tard, je me suis garée à l’entrée du parc fédéral.

Nous avons grignoté nos scones en silence dans la voiture sans en être gênés.

— Alors, dites-moi, vous avez appris beaucoup de choses à vos enfants ? ai-je fini par répéter.

— Pas vraiment, j’en ai bien peur, a-t-il admis d’un ton calme. Je n’ai pas été un très bon père pour eux.

— Pourquoi ?

— Je n’aimais pas leur mère. J’ai été obligé de l’épouser à dix-huit ans parce que ma propre mère, Éloïse, et la mère de Grania, Greer MacMuredach, voulaient unir nos covens. Elles m’ont promis que je dirigerais un jour cette nouvelle entité, plus puissante.

J’avais beau savoir qu’il mentait, qu’il avait choisi d’épouser Grania, j’ai joué le jeu.

— Et pourquoi n’est-ce pas Grania qui a hérité du coven ? Il me semblait que la transmission était surtout matriarcale.

— C’est le cas, le plus souvent. Cependant, lorsque Grania a été initiée, il était évident pour tout le monde qu’elle manquait d’ambition et de détermination pour diriger un coven. Cela ne l’intéressait pas vraiment, m’a-t-il raconté avec une dérision telle que j’ai eu de la peine pour Grania. Et puis, elle était déjà enceinte quand on s’est mariés, alors que moi j’étais incroyablement puissant, et j’avais de grands projets pour le coven.

— Elle n’est quand même pas tombée enceinte toute seule, lui ai-je fait remarquer d’un ton un peu guindé.

Ciaran a sursauté de surprise. Il m’a dévisagée comme s’il guettait au fond de mon regard quelque chose qu’il y savait enfoui. Puis il a soudain rejeté la tête en arrière pour rire à gorge déployée, un rire franc qui a résonné dans ma voiture.

— Maeve m’a dit la même chose, mot pour mot, m’a-t-il ensuite expliqué.

Il a retrouvé son sérieux en prononçant son nom.

— Elle m’a dit la même chose, et elle avait raison. Comme toi. Ma seule excuse, c’est que je n’avais que dix-huit ans, et que j’étais un imbécile. Je sais, ce n’est guère convaincant, comme excuse, d’ailleurs je ne l’ai jamais acceptée venant de Killian. Deux poids, deux mesures…

Sa franchise était désarmante. J’ai tenté de me l’imaginer en adolescent. Un adolescent Woodbane très puissant… Je devais à présent l’aiguiller vers le sujet d’Imbolc.

— Puis j’ai rencontré Maeve, a-t-il enchaîné d’une voix au timbre plus rauque, comme si évoquer son ancien amour lui serrait la gorge. J’ai su pour ainsi dire aussitôt que c’était ma muìrn beatha dàn. Et c’était réciproque. Ses yeux, les ondulations de ses cheveux, son rire, la forme de ses mains – tout en elle avait été conçu pour m’enchanter. Nous étions attirés l’un vers l’autre comme… des aimants.

Il a baissé les yeux vers ses propres mains, blanches, fortes et habiles. Celles qui avaient brûlé vive ma mère.

J’aurais donné n’importe quoi pour qu’il poursuive, qu’il m’explique comment les choses avaient dégénéré. Mais je me suis retenue. Les besoins de Starlocket passaient avant les miens.

— C’est bientôt Imbolc, ai-je déclaré. Est-ce que vous allez le célébrer avec Amyranth ? D’ailleurs, est-ce que c’est Amyranth que vous a légué Greer ?

Un nouveau silence s’est installé. Nous ne nous quittions pas du regard, trop occupés à nous jauger l’un l’autre.

Puis Ciaran a répondu :

— Une partie seulement des membres d’Amyranth viennent du coven dont j’ai hérité. Au sein de Liathach, tous n’ont pas accepté de nous rejoindre. Par la suite, nous avons recruté des Woodbane d’autres covens. Il s’agit pour la plupart de gens avec qui j’ai grandi, de membres de ma famille, en qui j’ai entièrement confiance. Nos liens du sang sont millénaires. Nous sommes dévoués les uns envers les autres.

— Comme dans la mafia ?

Il a ri de nouveau.

Je trouvais sa description étrangement fascinante. Évoluer dans un groupe de personnes qui nous acceptait, nous soutenait, ne demandait qu’à nous aider à développer nos pouvoirs, et à qui l’on pouvait faire une confiance aveugle, quoi qu’il arrive – ce devait être formidable. J’étais terrifiée de me savoir si désespérément attirée vers Amyranth, le coven même qui avait tenté de me tuer. Le coven qui, à cet instant précis, complotait la destruction de Starlocket. Je venais de comprendre que, de l’intérieur, ils ne devaient pas avoir conscience qu’ils servaient les ténèbres.

Dans ma vie, personne ne m’avait jamais acceptée telle que j’étais. Je n’étais pas une vraie Rowlands. Au sein de mon coven, je me retrouvais à l’écart parce que j’étais une sorcière de sang très puissante et il était devenu évident que même Robbie et Bree, mes amis les plus proches, ne se sentaient plus tout à fait à l’aise en ma présence. Hunter, Sky et Eoife attendaient chacun des choses différentes de moi.

Mon attention s’est reportée sur Ciaran. Jusqu’où pouvais-je le pousser ? Était-ce le bon moment pour lui parler de la vague noire ? Il devait se douter que je mijotais quelque chose.

— Tu es nerveuse, a-t-il lâché. Pourquoi ?

— Cette évocation des Woodbane m’attire terriblement, lui ai-je avoué. Mais je détestais Selene Belltower et ce qu’elle représentait. Elle a essayé de me tuer, et je sais qu’elle en a assassiné d’autres. Je ne veux pas devenir comme elle.

Il a balayé ma remarque d’un geste de la main.

— Selene était une arriviste qui péchait par excès d’ambition et de confiance – son but n’était pas nécessairement celui de mon coven.

— Et quel est le but d’Amyranth ? ai-je demandé sans détour. Est-ce que vous suivez un plan précis, à grande échelle ?

Il s’est adossé à la portière. Ses yeux brillants ne me quittaient pas. Tout doucement, ses lèvres ont esquissé un sourire, et j’ai entrevu dans la pénombre du crépuscule ses dents blanches, ses yeux qui se plissaient.

— Tu es vraiment très intéressante, Morgan. Une créature sauvage, indomptée, possédant la force d’un fleuve en crue. As-tu peur de moi ?

J’ai soutenu son regard, le regard de l’homme à qui je devais en partie la vie, et j’ai répondu en toute sincérité :

— Oui et non.

— Oui et non, a-t-il répété. Plus non que oui, à mon avis. Et pourtant, tu as toutes les raisons d’être terrorisée. J’ai failli t’ôter la vie.

— Vous avez failli me prendre ma magye – mon âme –, ce qui est pire encore. Et vous vous êtes ravisé en apprenant que vous étiez mon père.

— Morgan, Morgan… Je te trouve très… gratifiante. Mes autres enfants me craignent. Ils ne me posent pas de questions difficiles, ils ne s’opposent pas à moi. Mais toi… tu n’es pas comme eux. Voilà toute la différence entre la progéniture de Grania et celle de Maeve.

Loin de me flatter, sa remarque m’a fait de la peine pour nous tous, ses enfants.

— Toi seule serais en mesure d’apprécier mon coven à sa juste valeur, a-t-il ajouté. Toi seule pourrais comprendre. Nous avons prévu quelque chose…

J’ai retenu mon souffle.

— Il faut que je rentre, a-t-il déclaré distraitement, comme s’il regrettait d’en avoir trop dit.

J’ai réprimé ma déception et ma frustration, il les aurait perçues trop facilement. Sans un mot, je suis sortie du parking. Nous avons filé dans la nuit, vers la ville.

Suivant ses indications, je l’ai reconduit devant la maison qu’occupait Killian, pourtant bien loin de la route déserte où j’avais déposé mon demi-frère l’autre nuit. Il devait être sorti, car aucune lumière ne s’échappait des fenêtres.

— À bientôt, m’a-t-il saluée. Très bientôt. Je l’espère. Appelle-moi.

J’ai hoché la tête, puis je me suis penchée vers lui. À voix basse, je lui ai lancé :

— Papa, je veux faire ce que tu fais. Je veux marcher dans tes pas. Montre-moi.

Il a rougi en m’entendant l’appeler « papa » et a refermé la portière. Je suis partie sans un regard en arrière et j’ai pleuré jusque chez moi. Je l’avais appelé « papa ». Je me haïssais.

L'appel
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